Comment les coups durs de votre vie perso impactent votre activité freelance
Quand on est freelance, notre vie professionnelle a un gros impact sur notre vie personnelle, mais l’inverse est vraie aussi.
Notre personne, c’est notre produit.
Alors, comment gérer un coup dur personnel quand on est freelance ?
Comment garder une activité en bonne santé quand notre vie personnelle nous prend toute notre énergie ?
Depuis que je me suis lancée il y a 4 ans, deux événements de ma vie privée m’ont beaucoup bousculée dans mon activité.
Parce qu’ils étaient de nature différente et qu’ils intervenaient à deux stades distincts de ma “carrière” de freelance, je n’ai pas réagi de la même façon.
Nous allons rentrer dans le vif de ces sujets très intimes, et découvrir aussi le témoignage d’Amandine.
Mais avant ça, revenons sur les raisons qui expliquent que faire face à des bouleversements personnels, ça peut être plus difficile quand on est freelance.
- La solitude
Ben oui, quand on est salarié, ou même quand on est chef d’entreprise avec des collaborateurs, on passe ses journées de travail entouré.
On a une équipe, des gens à qui parler, de la vie autour de nous.
Lorsqu’on est freelance, on passe souvent nos journées seul.
Pourtant, dans les moments difficiles de la vie, on a presque tous besoin de se sentir soutenu, ou au moins entouré.
- Le manque de cadre / d’horaires
Quand on n’a pas de contraintes d’horaires, du type “je dois être au bureau chaque jour de 9h à 18h”, c’est plus difficile de garder un vrai rythme, de sortir du lit le matin malgré la tristesse.
Se motiver devient alors encore plus difficile.
- Le fait que personne ne soit au courant
Si vous avez des collègues ou des associés, ils sont sûrement au courant de ce qui se passe dans votre vie.
Séparation, deuil, maladie : ils savent de ce que vous traversez, et seront plus indulgents avec vous.
En freelance, généralement on est seul avec notre chagrin, car nos clients n’ont pas la moindre idée de notre situation. On est donc un peu obligé de faire bonne figure.
- L’impossibilité de stopper vraiment
C’est compliqué de se dire “je me prends un mois de vraie pause pour passer ce mauvais moment” quand on est freelance.
Parce que quand on ne travaille pas, on ne gagne pas d’argent.
Parce qu’on ne peut pas laisser tomber nos clients, sinon notre activité est en péril, et on ne va pas, par-dessus le marché, se rajouter de l’inquiétude sur notre avenir professionnel ou nos fins de mois à venir.
Donc, quand on est freelance, on doit apprendre à gérer ça.
Je vais vous raconter ces deux moments bouleversant dans ma vie personnelle, qui ont impacté mon activité de freelance.
J’ai perdu ma mère très tôt après le lancement de mon activité
Le 16 août 2015, je commençais officiellement mon activité freelance, avec une première mission.
Dans la nuit du 19 au 20 octobre 2015, un cancer emportait ma mère à 51 ans.
La souffrance, le sentiment d’injustice, et d’autres sentiments m’ont envahie.
Mais bien sûr, j’ai aussi du penser à mon gagne-pain.
Comment agir par rapport à mes clients, qui étaient les premiers à me faire confiance, et auprès de qui j’étais engagée sur des dates de livraison ?
Comment garder la motivation alors que plusieurs fois dans la journée je craquais et fondais en larmes ?
Comment jongler entre le temps à consacrer à mon travail, et le besoin de passer aussi du temps en famille, d’être présente pour mon père?
Finalement, cet événement a positivement impacté mon activité. Au cours de la première année, j’ai énormément travaillé. Perdre ma mère avait créé une énorme pression chez moi.
Je me disais qu’elle n’aurait pas voulu que je laisse tomber “à cause d’elle”.
Je ne voulais pas inquiéter le reste de ma famille en me plantant.
Et surtout, le travail a été mon refuge pendant plusieurs mois. Pour éviter la tristesse, je préférais garder mon esprit occupé.
Je me suis fait plaquer avant mon mariage
Malheureusement, ça n’arrive pas que dans les films.
En avril 2018, la personne qui partageait ma vie depuis plus de 9 ans m’a quittée du jour au lendemain, 4 mois avant notre mariage..
Les préparatifs étaient quasiment terminés.
C’était à la fois dévastateur et humiliant.
Dans un tel moment, difficile de garder le cap.
J’ai sauvé les meubles. J’ai fait le minimum vital pour ne pas faire couler ma société.
J’avais 2 blogs, dont Super Freelance, j’ai arrêté de les alimenter. Je manquais de force pour tout gérer.
Je passais mes journées seule chez moi, alors je sortais tous les soirs parce que j’avais besoin d’être entourée.
J’étais très inquiète pour mon activité.
Mon cerveau était bien encombré. Comment garder l’esprit clair pour avancer sur les projets de mes clients ?
Je passais mes journées seule, je n’avais plus de rythme. Comment garder la motivation et la disponibilité ?
Et surtout, je me retrouvais à devoir assurer seule financièrement, et ce n’était surtout pas le moment de flancher !
J’avais honte de cette situation, alors bien sûr, en parler à mes clients ne m’a pas traversé l’esprit.
Sauf une cliente, je ne sais pas pourquoi c’est à elle que j’ai décidé de demander un décalage de date de livraison, en lui disant la vérité.
On pourrait dire que c’est marrant : elle avait vécu exactement la même chose ! Donc elle s’est montrée compréhensive.
Aujourd’hui, je suis épanouie professionnellement et sentimentalement, tout va bien 😀Mais j’ai conscience que cet événement aurait pu faire couler mon activité.
Parmi mon réseau de freelances, je connais également quelqu’un qui a du faire face au deuil tout en poursuivant son activité.
Cette personne, c’est Amandine Lantelme, et elle a accepté de témoigner sur cette période de sa vie.
Toi aussi, tu as fait face au deuil depuis que tu es freelance. Comment as-tu géré ce deuil tout en préservant ton activité ?
Quand j’ai perdu mon frère il y a un peu plus de 3 ans je ne savais pas si j’arriverais à reprendre le travail rapidement, mais finalement je ne me suis arrêtée que 10 jours environ.
Reprendre le travail rapidement m’a en fait permis de garder un pied dans le monde réel et dans ma « vie d’avant » (et dans la vie tout court), et m’a permis de continuer à faire des projets en pensant à l’avenir de manière positive.
Ce n’était pas si facile de me concentrer bien sûr mais mon métier étant une passion, j’étais ravie de me sentir utile et de travailler sur des projets motivants. Ceci dit je suis sûrement allée trop loin car j’ai été à la limite du burn-out plusieurs fois, mais ce n’est bien sûr pas seulement lié à ce drame (c’était le cas avant aussi).
As-tu fait part de ce que tu traversais à tes clients, tes partenaires ?
Oui, j’ai toujours été honnête et parlé de choses relativement personnelles à mes clients et partenaires (qui sont en fait aussi des amis pour la plupart), quand ça pouvait avoir un impact sur mon travail. Ils m’ont d’ailleurs beaucoup soutenue car ne connaissant pas mon frère ça devait être plus facile pour eux de l’évoquer que mes proches.
C’est normal selon moi que ce qui se passe dans la vie personnelle impacte un minimum la vie professionnelle, surtout quand on est à son compte parce qu’on ne peut pas se faire remplacer en cas de coup dur. Cependant ils ont dû être rassurés quand ils ont compris que ça aurait peu de conséquences pour eux.
Que dirais-tu à un freelance qui traverse un moment difficile de sa vie personnelle ?
Je ne lui dirais pas forcément de se lancer à corps perdu dans son travail car ce qui m’a aidé n’aidera pas forcément quelqu’un d’autre et il peut également s’agir d’une forme de déni dans lequel on refuse d’écouter ses émotions (ne jamais s’arrêter pour ne pas risquer de penser ou de ressentir). Mais je lui dirais de s’écouter donc de ne pas culpabiliser non plus s’il s’investit davantage dans son travail si ça l’aide.
Je lui dirais cependant de saisir la chance qu’il a de pouvoir faire des pauses régulières quand il le souhaite, de pouvoir organiser son temps de travail de manière à prendre davantage de temps pour lui : loisirs, marche dans la nature, psychothérapie, etc.
Et je lui conseillerais de ne pas hésiter à demander de l’aide ou au moins à oser parler de ses difficultés à ses clients et partenaires.
Un grand merci à Amandine pour son témoignage ! En accueillant ses réponses, j’ai réalisé que l’on avait eu des réactions similaires face aux drames de la vie.
Alors, comment faire, quand vous aussi, vous faites face à ces coups durs de la vie ?
Mes malheureuses expériences me permettent de vous donner quelques conseils.
- Soyez indulgent avec vous-même
Vous êtes un être humain, vous avez le droit d’avoir des moments de “moins bien”, de ressentir des émotions.
Parfois, vous aurez envie de pleurer. Ou d’aller taper dans un sac de boxe. Ou de rester couché jusqu’à 11h.
Accordez-vous ces moments, ils font partie du processus qui vous permet d’accepter ce qui vous arrive, et d’avancer.
- Dites la vérité
Les clients aussi, ce sont des êtres humains.
Quand j’ai annoncé à mes clients que je devais faire un break d’une semaine pour préparer les funérailles de ma mère, croyez-vous qu’ils m’ont fait des reproches ?
A moins que vous jugiez que c’est trop intime, si cet événement impacte votre travail, autorisez-vous à faire part de la situation à vos interlocuteurs.
Ils la comprendront certainement. Et si ça n’est pas le cas, réfléchissez : est-ce que vous souhaitez travailler avec des personnes qui n’ont aucune empathie ?
- Accordez-vous un break
Quand je me suis retrouvée seule et que j’ai du annuler mon mariage, j’ai eu besoin de changer d’air.
Je suis partie pendant 3 semaines au Mexique et en Floride.
Ce n’était pas anticipé, c’était à 6h de décalage horaire. Je n’étais pas joignable par téléphone.
Mais je suis partie quand même et j’ai géré tant bien de mal.
Et mon activité a survécu.
Si vous avez besoin de faire une pause pendant quelques jours, organisez-la.
- Entourez-vous
Vous aurez sûrement besoin de sentir du monde autour de vous.
Organisez des sorties.
Allez dans un espace de coworking.
Programmer des séances au café pour travailler avec vos copains indépendants.
Ne restez pas seul !
- Fixez-vous un rythme
Construisez votre propre discipline.
Fixez vos propres règles : chaque matin, je serai debout à 8h et j’irai courir 20 minutes, tous les après-midi, je travaillerai non-stop de 14h à 19h.
Des fois, vous vous accorderez du mou, et vous ne respecterez pas vos règles, mais elles vous donnent un cadre.
- Faites des choses qui vous font du bien
Quand on se sent mal, on a besoin de créer des moments de bien-être.
Réfléchissez à ce qui vous fait du bien.
Un massage, un verre avec les copains, votre plat préféré, un film au cinéma, une séance de shopping, votre chanson préférée, etc …
- Ne prenez pas de grande décision
Dans ces moments, vous pouvez être tenté de changer des choses.
Arrêter de travailler avec l’un de vos clients.
Tout plaquer et redevenir salarié.
Vous associer avec quelqu’un d’autre.
Changer de positionnement.
Mais soyons honnête : vous n’avez pas les idées assez claires pour prendre de telles décisions.
Mon conseil ? Laissez passer la tempête, maintenez le statu quo, et quand vous vous sentirez mieux, autorisez-vous à faire de nouveaux choix : cette période vous a peut-être donné un point de vue nouveau sur votre activité.
Je ne vous souhaite pas de vivre des moments difficiles dans votre vie personnelle, mais s’ils arrivent, j’espère vous avoir aidé à mieux les traverser.
Chaque semaine, je partage des conseils pour vous aider à mieux vous épanouir dans votre activité freelance. Pour n’en ratez aucun, inscrivez-vous ici :
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Bravo et merci pour l’article !
Je connais amandine donc j’étais au courant mais pas vous et bravo pour ne va pas avoir laissé tomber 💪
Merci pour votre retour, pas facile de s’exprimer publiquement sur ce genre de sujet, mais des messages comme le vôtre me font dire que j’ai bien fait !
Superbe article en toute transparence.
C’est vrai qu’affronter les difficultés quand on est Freelance c’est particulier.
Je suis heureuse de voir qu’aujourd’hui tu es en forme et sereine.
🎈
Merci Déborah, oui tout va bien aujourd’hui 😉
Ton article m’a vraiment émue et touchée… J’ai eu un coup dur avec ma fille en octobre de cette année. Rien à voir avec le deuil et donc pas comparable avec ce que tu as vécu. Mais le ciel s’est effondré sur ma tête. J’imagine par pudeur, je me suis efforcée de « faire comme si de rien n’était » et c’est une belle erreur. Vraiment merci pour ce bel article 💕
Merci Jessica, c’est un témoignage touchant. On a souvent tendance à vouloir cacher nos « faiblesses » mais nous sommes des humains, et nos interlocuteurs aussi…
Bravo pour cet article et merci pour le partage.
Merci Anja
merci pour le partage.
Merci Anja